Les analgésiques contenant de l’ibuprofène appartiennent au groupe des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et contribuent, en raison de leurs propriétés anti-inflammatoires, à réduire efficacement les douleurs et la fièvre. Font partie des analgésiques contenant de l’ibuprofène le Dismenol, ainsi que, bien sûr, tous les produits dont le nom de médicament contient « ibuprofène », tels que Algifor, Brufen, Spedifen, Optifen, Irfen et Ibuprofen. Ce groupe de substances actives comprend également l’aspirine (acide acétylsalicylique), le diclofénac et les coxibs.

Mécanisme d’action des analgésiques contenant de l’ibuprofène

Les lésions tissulaires provoquent une décomposition des cellules du corps. Ce processus libère des médiateurs de la douleur, les prostaglandines, qui irritent les nocicepteurs et transmettent au cerveau le stimulus de la douleur qui en résulte. De cette façon, les lésions tissulaires locales sont enregistrées comme douleur dans le cerveau.

L’ibuprofène interfère avec la cascade de l’acide arachidonique : les cyclooxygénases COX-1 et COX-2 sont inhibées, ce qui réduit la synthèse des prostaglandines. Le plus ancien et le plus important des inhibiteurs COX est l’acide acétylsalicylique (aspirine).

Les contre-indications connues pour l’ibuprofène sont notamment les ulcères gastriques et/ou duodénaux actifs ou récurrents, les hémorragies gastro-intestinales ou les maladies inflammatoires intestinales actives/connues, les hémorragies ou perforations gastro-intestinales associées à un traitement antérieur par AINS, une tendance accrue aux hémorragies, des dysfonctionnements hépatiques graves, une insuffisance rénale et des maladies cardiaques graves (pour plus d’informations, voir www.compendium.ch).

Rapport entre le SRAS-CoV2 et l’ibuprofène ?

En réaction à la mise en garde contre l’utilisation d’ibuprofène contre le COVID-19 et en raison de la pression de l’opinion publique, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé de préférer le paracétamol en cas de suspicion de fièvre liée à la nouvelle maladie pulmonaire COVID-19. À la mi-mars 2020, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a également déconseillé d’essayer de faire baisser la fièvre avec des analgésiques contenant de l’ibuprofène, car dans certains cas, cela entraînerait une aggravation de l’évolution de la maladie.

Le paracétamol a été considéré comme une alternative viable à l’ibuprofène, car il n’a aucun effet sur la coagulation du sang. Il ne faut cependant pas négliger le fait que le paracétamol a lui aussi des effets secondaires, qu’il interagit avec d’autres médicaments et qu’il entraîne des maladies hépatiques en cas de surdosage.

Cette mise en garde a immédiatement eu pour conséquence des achats massifs de paracétamol dans les pharmacies, prises d’assaut. La forte augmentation de la demande a entraîné des ruptures d’approvisionnement.

L’OMS a annoncé vouloir examiner si les patients infectés par le SRAS-CoV2 ou atteints de COVID-19 présentent réellement une mortalité accrue ensuite de la prise d’ibuprofène.

Attention aux fake news

Peu après, l’OMS a retiré sa mise en garde. Sur la base des études actuelles et de l’avis du corps médical, aucun lien ne peut être établi pour l’instant entre la prise d’AINS et l’aggravation de l’état de santé des personnes atteintes de COVID-19. Certains chercheurs ont souligné que les analgésiques contenant de l’ibuprofène inhibent la coagulation du sang, entraînant un risque accru d’hémorragie interne, ce qui n’est pas opportun chez un patient atteint de COVID-19. Toutefois, cette circonstance ne serait actuellement qu’une indication en rapport avec le COVID-19, qui n’a pas encore été prouvée.

L’OFSP, en revanche, a conseillé de les utiliser avec prudence et, en particulier, en cas de fièvre, de leur préférer la substance active paracétamol (Dafalgan, Panadol, Doloran). Il préconise d’agir de la sorte jusqu’à ce que la recherche scientifique produise des résultats concrets qui permettent de formuler des recommandations fondées.

Indépendamment de toute infection par le SRAS-CoV2, les contre-indications, mises en garde et précautions habituelles connues doivent s’appliquer lors de la prise d’analgésiques contenant de l’ibuprofène par certaines catégories de personnes.

Conclusion pour la pratique

L’OMS recommande à l’heure actuelle de ne pas renoncer à l’utilisation d’analgésiques contenant de l’ibuprofène en cas d’infection par le SRAS-CoV2. Les patients atteints de maladies chroniques peuvent, après concertation avec le médecin traitant, prendre régulièrement leurs médicaments comme prescrit.

L’OFSP constate qu’il n’existe actuellement pas de données scientifiques indiquant que les AINS auraient une influence correspondante sur l’évolution de l’état de santé des personnes atteintes du COVID-19. Toujours selon l’OFSP, il est beaucoup plus important de vérifier si ces personnes ont des maladies préexistantes ou concomitantes et, comme toujours, d’adapter soigneusement le traitement à la situation individuelle de chaque patient. Les patients, en particulier ceux appartenant aux groupes à risque, doivent en tout temps tenir prête une liste des médicaments qu’ils utilisent. Cette liste devrait comprendre tant les médicaments prescrits par un médecin que ceux utilisés dans le cadre de l’automédication.

Références :

www.compendium.ch
www.who.com
www.bag.admin.ch