Décerné pour la première fois en 1901, le Prix Nobel est considéré aujourd’hui comme la distinction scientifique la plus importante au monde. Jusqu’à maintenant, 224 chercheuses et chercheurs ont été honorés de ce prix dans la catégorie « Physiologie et médecine ». Mais quel a été le rôle de la médecine dentaire dans ce contexte ? L’histoire du Prix Nobel fait-elle état de nominations pour des sujets de recherche en médecine dentaire et, si oui, lesquels ?
Une équipe allemande de chercheurs s’est penchée plus précisemment sur la question en consultant, d’une part, la base de données des nominations du Nobel de la catégorie « Physiologie et médecine » et, d’autre part, les archives du comité Nobel. Au total, trois médecins-dentistes ont été nominés pour le résultat de leurs recherches en médecine dentaire : l’Allemand Carl Röse, la Britannique Lady May Mellanby ainsi que le Suisse Walter Hess.
Walter Hess (1885 – 1980)
En 1949, le médecin-dentiste suisse Alfred Gysi (1865-1957) a proposé la nomination au Prix Nobel de Walter Hess, pour ses recherches en médecine dentaire restauratrice et ses publications sur l’histologie des canaux radiculaires. L’étude approfondie de la structure et des ramifications des canaux radiculaires humains constitue l’essentiel de sa thèse ; elle a été reprise dans de nombreux manuels scolaires. La médecine dentaire restauratrice était son second axe de recherche, là encore avec une attention particulière sur le traitement de la pulpe et du canal radiculaire, qu’il a étudié sous tous ses aspects : amputation de la pulpe, amputation vitale et coiffage pulpaire direct. De nombreuses thèses doctorales traitant de ces sujets ont été publiées sous sa houlette. Les sujets de ses contributions, en particulier celles sur la conservation de la pulpe et son traitement aux différents stades de la maladie, sont aujourd’hui encore d’actualité.
Walter Hess a passé la majeure partie de ses études et de sa vie professionnelle en tant qu’enseignant-chercheur à l’Université de Zurich. En 1929, la faculté de médecine l’a nommé professeur extraordinaire et il a été en charge de la direction de l’institut pendant de nombreuses années. Il a également été responsable pendant plus de 40 ans de la Revue mensuelle suisse d'odontostomatologie, l’ancêtre du Swiss Dental Journal SSO.
Pas de Prix Nobel pour Walter Hess
Comment le comité Nobel à l’Institut Karolinska a-t-il réagi à cette nomination ? Les membres du jury ont jugé que les résultats des recherches de Walter Hess constituaient certes une contribution significative à l’avancée de la recherche clinique, mais qu’ils n’étaient cependant pas assez originaux pour un Prix Nobel. En effet, il est écrit dans le testament d’Alfred Nobel que le prix revient à celui dont les recherches apportent la plus grande utilité à l’humanité. L’expert Göran Liljestrand a écrit que Walter Hess n’a d’ailleurs pas livré une grande découverte, mais bien plus de nombreux petits apports individuels.
Le groupe allemand de chercheurs montre que la médecine dentaire n’a joué qu’un petit rôle dans les Prix Nobel de la première moitié du XXe siècle, tant au niveau des candidats qu’à celui des nominateurs invités. De nombreuses autres disciplines partagent ce destin, entre autres l’anesthésie, l’orthopédie et l’histoire de la médecine !